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Vous avez une heure à perdre et vous vous trouvez dans une ville inconnue à l’autre bout du monde ? Replongez en enfance et pensez chasse au trésor … Oubliez les pokemons et tentez le GEOCACHING (prononcer comme « cache » en français, sans « t »), la chasse au trésor 2.0. Derrière ce mot inventé de toutes pièces il y a une quinzaine d’années, se dissimulent 3 millions de terrains de jeu répartis partout dans le monde : les caches. Rencontre avec Claude L., un pratiquant passionné.

Thibault Barat : Claude, d’où vient le geocaching ?

CL : Le 1er mai 2000, le gouvernement américain a pris la décision de désactiver la « disponibilité sélective » du GPS créé pour les militaires, rendant d’un seul coup tous les récepteurs civils précis à quelques mètres près contre une centaine auparavant…

Pour tester cela, le 3 Mai 2000, un ingénieur passionné de technologies, Dave Ulmer, eut l’idée de cacher un bidon contenant plusieurs objets (dont une célèbre boîte de haricots) et de publier les coordonnées sur un groupe de discussion Usenet (NDLR : un ancêtre d’Internet). Il n’espérait pas grand chose de son message original car très peu de gens avaient des GPS à l’époque, encore moins utilisaient en plus Usenet. A sa grande surprise, au bout d’un ou deux jours seulement, quelqu’un de l’extérieur de l’État est venu en Oregon juste pour essayer de trouver sa première cache. Et ils l’ont trouvée ! Puis d’autres encore sont venus… Des gens ont commencé bientôt à placer leurs propres caches … Le Géocaching était né.

Dans le bidon original il avait placé plusieurs objets, le trésor qui avait un objectif : grossir par le troc successif d’objets. Le plus célèbre d’entre eux étant… une boîte de conserve de haricots ! Cette boîte a été retrouvée plusieurs années plus tard et est devenue un symbole, l’O.C.B. (Original Can of Beans). Conservée comme le Graal elle voyage dans quelques occasions exceptionnelles rassemblant des centaines ou milliers de joueurs à travers le monde que l’on appelle des « events ».

Le saviez-vous ?

>> Il y a des Géocaches actives dans plus de 184 pays.
>> La progression du jeu est de plus de 40% par an actuellement.
>> Les plus petites caches ont la taille d’un demi-morceau de sucre, les plus grandes ont la taille d’un bungalow
>> Il y a une Géocache cachée dans l’ISS (la Station Spatiale Internationale où se trouve actuellement Thomas Pesquet) : elle gravite à 370 kilomètres autour de la Terre.
>> La cache la plus profonde est située à 2300 mètres au-dessous du niveau de la mer.

TB : Et le bleisure dans tout ça ?

CL : Imaginez que 16 ans plus tard, ce sont 3 millions de caches actives qui peuvent être découvertes dans près de 200 pays dans le monde : il y a donc beaucoup de chances que l’une d’entre elles soit placée à proximité de votre destination professionnelle. Et comme une règle de base de la pose d’une cache est « Quand vous envisagez l’implantation d’une géocache, pensez à la raison pour laquelle vous amenez des gens à cet endroit. », il y a de grandes chances que sa recherche vous conduise dans un endroit qui agrémentera votre séjour professionnel par son esthétique, son apport culturel ou tout simplement une anecdote amusante. Une façon de joindre l’utile à l’agréable : en un mot : bleisure !

C’est donc une chasse au trésor internationale et permanente, gratuite et communautaire. Elle est « arbitrée » par la société Groundspeak (quelques dizaines de personnes) basée à Seattle via le site www.geocaching.com et un bataillon d’arbitres bénévoles.

La « cache », le « trésor » est composé à minima d’une boîte (toute forme et taille) et d’un support pour signer son passage (feuille de papier, carnet…) : le « logbook »

Le niveau de difficulté de chaque découverte peut être très variable, coté de 1 (le plus facile) à 5 (nécessitant de résoudre une énigme complexe ou une boîte particulièrement bien camouflée).

De même, le terrain pour y accéder est noté de 1 (la geocache en bord de route accessible en fauteuil roulant) à 5 (celle qui nécessitera du matériel de plongée ou d’escalade).

C’est un loisir qui mêle découverte touristique, randonnée, et numérique mais qui, pour débuter, ne nécessite guère plus qu’un smartphone et une appli gratuite.

TB : Ok, c’est tentant. Et je commence comment ?

CL : Pour commencer, la lecture de quelques guides de vulgarisation est conseillée, ne serait-ce que pour commencer par des caches dont la difficulté est adaptée à votre niveau (pour éviter toute déception née d’un premier échec) et pour connaître les règles de bases à respecter N’oubliez jamais que pour jouer il faut des caches et que pour avoir des caches il faut des poseurs bénévoles qui en assurent la maintenance gratuitement. Comme dans toute communauté, la liberté des uns s’arrête là ou commence celle des autres.

Lorsque vous serez prêts à y aller, vous n’aurez qu’à suivre ces quelques étapes :

  1. Téléchargez une application (NDLR : liste en fin d’article) ou rendez-vous sur www.geocaching.com
  2. Créez un compte gratuit (un pseudo et une adresse mail)
  3. Sélectionnez la geocache que vous souhaitez découvrir et déplacez-vous vers son emplacement. Commencez par un cas simple (cache de type « traditionnelle » et difficulté 1 ou 2.). Consultez les posts précédents pour éviter les caches non trouvées récemment
  4. Une fois découverte, signez son logbook (carnet) et remettez-la en place exactement comme vous l’avez trouvée
  5. Cliquez sur « Found it » ou « trouvée » ou enregistrez-vous en ligne sur le site web dès que possible. Ajouter un petit commentaire : cela fera toujours plaisir au propriétaire de la cache
  6. Partez à la recherche de votre cache suivante et, pourquoi pas, invitez un ami ou un collègue à vous accompagner. Et plus tard … vous aurez peut-être la chance de tomber dans une ville où aura lieu un rassemblement de geocacheurs (un « event ») : ce sera l’occasion de faire des rencontres autour d’une passion commune !

TB : comme dans tout jeu il faut des règles. Quelques conseils à donner aux débutants ? 

CL : Les bonnes pratiques sont essentielles. Comme « l’étiquette » au golf elles sont la base du « savoir jouer »

  • Pour commencer, l’idéal est d’être accompagné d’un joueur confirmé : parlez-en à la machine à café ou au restaurant d’entreprise : il serait bien surprenant qu’un de vos collègues de travail ne soit pas geocacheur !
  • Rester discret, ne pas éveiller l’attention des non initiés car la vie de la cache en dépend souvent
  • Respecter les lieux de recherche (Dans certains lieux la réception GPS est imprécise : attendez qu’elle se stabilise avant d’aller piétiner au milieu d’un massif de fleurs par exemple !)
  • Considérer que la précision de votre recherche (et aussi de la pose) varie en fonction du matériel utilisé (7/8 m pour un smartphone, 3/5 m pour un GPS)
  • Quand vous trouvez la boîte, regardez bien comment elle est placée avant de vous en saisir : vous la replacerez exactement de la même façon, surtout si elle a un camouflage particulier.
  • Ouvrir la boîte avec précaution et bien la refermer pour en assurer l’étanchéité. Protéger son contenu de la pluie.
  • Noter votre visite sur le carnet sans prendre trop de place. Signaler lorsque le logbook est presque plein.
  • Si vous prenez un objet, placez-en un de même valeur
  • Prendre une photo des lieux que vous publierez sur le site en accompagnement de votre commentaire (ne montrez pas l’endroit précis de la cache ou la boîte elle-même si elle mérite la surprise)
  • Replacer la cache exactement comme vous l’avez trouvée.

Et n’oubliez jamais : tous les poseurs sont bénévoles : respectez leurs caches, respectez les lieux et amusez-vous bien !

Les différents types de caches

Il existe de nombreux types de caches dont voici les 3 principales pour débuter :
>> Les « traditionnelles » sont les plus faciles à trouver : la boîte se trouve exactement aux coordonnées publiées
>> Les « multis » : pour arriver à la boîte finale, vous devrez collecter des indices en vous rendant successivement en différents endroits ou en répondant à des questions
>> Les « mysteries » : pour parvenir aux coordonnées finales, vous devrez résoudre une ou plusieurs énigmes. Certaines recherches peuvent être une autre bonne occupation « bleisure » dans votre chambre d’hôtel !

Lexique du débutant pour briller en société

>> DNF (Didn’t Find It) : je n’ai pas trouvé la boîte et je le signale sur le site
>> FTF (First To Find) : je suis le premier à trouver une cache récemment publiée
>> Hint : indice
>> Spoiler : photo indice
>> Moldu : non initié au geocaching (issu du vocabulaire d’Harry Potter)
>> MPLC (Merci Pour La Cache) ou TFTC (Thanks For The Cache) en anglais : abréviation pour remercier le poseur qu’il vaut mieux compléter avec un petit commentaire
>> Objet voyageur (et aussi Travel Bug, Geocoin) : petit objet équipé d’une plaque numérotée ou médaille numérotée qui voyagent de cache en cache avec souvent un objectif précis
>> Log : message enregistré sur le site officiel pour commenter la recherche d’une cache

TB : qui dit passion dit anecdotes. Ta plus belle rencontre ?

CL : sans conteste, l’été dernier, la rencontre de Dave Ulmer, le Bill Gates des geocacheurs … un homme qui observe le développement de son bébé avec beaucoup de recul et qui n’en tire pas un centime. Je vous conseille la lecture de l’interview publiée par Tof.

Dave Ulmer Claude L
A gauche, avec le propriétaire de l’OCB, vestige de la première cache. A droite Dave Ulmer, le poseur de la première cache. Au premier plan : l’OCB.

TB : Une cache qui t’a marqué ?

CL : Le choix est difficile. Disons pour commencer une des plus vieilles caches du monde : une caisse à munitions au bord d’une rivière au Texas, près du siège de Texas Instruments. Ce n’est peut-être pas la plus belle ni la plus originale mais certainement une cache symbolique. Celle qui nous a bien fait rire : une version grandeur nature du jeu « Loup, chèvre, choux, baton, feu » que nous avons joué en réel avec un pédalo sur un lac en Auvergne. J’aime beaucoup aussi les caches avec accessoires et à mécanismes du genre casse-tête. Je terminerai par ma première « T5 » : un nichoir placé dans un arbre à 13 m de hauteur qu’il a fallu aller chercher en rappel.

TB : Une anecdote sur les objets qui voyagent de cache en cache ?

CL : Une situation ubuesque où je me suis retrouvé à échanger des objets « Kinder » au milieu de Central Park avec un couple de retraités que je ne connaissais pas 5 minutes plus tôt. Au Etats-Unis toujours, la photo de mon Travel Bug « Tour Eiffel » qui, parti du Trocadéro, a été pris en photo à son objectif, devant sa grande sœur de Las Vegas, après avoir parcouru une dizaine de pays et près de 30 000 km.

travelbug-tour-effeil
Le Travel Bug Tour Eiffel au Trocadéro et à son arrivée à Las Vegas

Cher Claude, un très grand merci pour ton temps, ta confiance à l’équipe de Bleisure.fr et pour tes réponses particulièrement détaillées. Je suis certain que tes conseils et ces informations auront permis de convertir nombre de nos lecteurs aux joies du geocaching !

 

Liens utiles, gratuits et amusants 

>> Les cahiers de vacances publiés par des amies qui vous donneront une foule de renseignements et d’anecdotes sur le géocaching :
Cahier de vacances GC2015
Cahier de vacances GC2016

>> Une interview du créateur du geocaching par l’ami Tof et un blog qui regorge de bons conseils et d’expériences

>> Un site de référence et un forum en français : http://france-geocaching.fr/

>> Des centaines de vidéos de caches créatives et originales 

>> La geocache de l’ISS : https://coord.info/GC1BE91

>> La préparation de la première cache par Dave Ulmer et la redécouverte de l’OCB

Quelques applications pour smartphones

IOS (Apple Iphone, Ipad…)
>> Geocaching officielle (gratuite en version d’essai mais payante en version complète)
>> GeoBucket (gratuite)
>> Looking4cacheLite (gratuite)
Android :
>> c:geo (la référence pour beaucoup de geocacheurs)
>> Geocaching officielle (gratuite en version d’essai mais payante en version complète)
>> GCdroid (gratuite)
Windows Phone :
>> Geocaching officielle (gratuite en version d’essai mais payante en version complète)
>> Geocaching Plus (gratuite)
>> Maaloo Geocaching (3 euros)