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Définir le bleisure : redéfinition ou simple “update” du voyage d’affaires ?

Tout n’est qu’affaire d’équations…

Ci-dessous, cette vision n’engage que moi…

Commençons par la base : Bleisure = Business + Leisure. Il s’agit donc d’une contraction de ces deux termes dont l’objectif est d’imbriquer une partie loisir dans le déplacement professionnel. Peu importe que cette dernière se situe avant, pendant ou après.

Autrement dit, c’est sortir le voyageur d’affaires de l’équation [répétitive] suivante :

Domicile > [transports publics / voiture / Taxi ou VTC] + avion / train + transports + meeting + [(transports) + (hôtel)] + avion / train + transports > Domicile / Bureau.

Notons que cette « addition » est le quotidien de la majorité des voyageurs d’affaires. C’est encore plus vrai pour ceux que nous nommons les « road warriors ». Je ne parle pas de la fameuse équipe de catch des années 80-90 qui sillonna le monde, mais des voyageurs d’affaires qui se déplacent très régulièrement à l’étranger dans le cadre de leur job. Certains observateurs quantifient cette fréquence en nombre de jours passés en dehors du bureau alors que d’autres retiennent un nombre moyen de déplacements. Disons qu’au-delà de 12 par an, le qualificatif « honorifique » peut être retenu. Un sondage effectué par l’AFTM en 2015 auprès de 805 voyageurs faisait état du résultat suivant : 21% réalisent entre 11 et 20 déplacements en moyenne par an et 38% sont à plus de 21 séjours à l’année. Pour fermer la parenthèse sur ces « guerriers de la route », savez-vous d’où vient cette appellation… ? Du film Mad Max 2 « The road warrior » diffusé en 1981. Entre le catch et Mad Max, le voyageur d’affaires est placé dans un univers de douceur et de poésie 🙂 !

Pour en revenir à l’essence même du concept « bleisurien », celui n’est assurément pas nouveau. Ce qui est relativement récent, c’est l’appétit du « marketeur » pour les ressources financières qu’il peut générer. Le bleisure a surtout gagné en notoriété au fur et à mesure que le tourisme se soit démocratisé et que le secteur du business travel se soit structuré.

Deux « lignes de vie », au départ parallèles, qui se croisent à un instant T pour finalement se rapprocher et un jour sans doute, se confondre… Les GAFA, Licornes et autres êtres homériques du net s’y efforcent avec des « pouvoirs » considérables.

D’un côté, nous avons donc assisté à la structuration du marché des déplacements professionnels avec une entreprise qui se dote d’outils et noue des partenariats stratégiques avec des fournisseurs qui lui assurent une optimisation de ses coûts liés aux voyages d’affaires : apparition des GDS, dérégulation des tarifs aériens, création puis généralisation des OBT, diversification de l’offre hôtelière, mutation des agences de voyages en travel management company (TMC), explosion du online, généralisation des smartphones…

Sur la seconde (fausse) parallèle, une explosion de tourisme de masse favorisée par (dans le désordre et pour ne citer « que » ces facteurs) : l’essor des compagnies low cost, l’apparition de nouveaux services et acteurs aidés par la révolution Internet (souvenez-vous de vos discussions amicales ou familiales autour de LastMinute.com il y a quelques années), le développement galopant de l’économie collaborative…

Les constats qui invitent à reformuler l’équation du voyage d’affaires peuvent donc se résumer ainsi :

  • Une généralisation du voyage d’affaires à tous les types de collaborateurs et non plus un privilège réservé à un petit groupe constitué de cadres hauts placés et de membres de la direction générale, que nous qualifierions aujourd’hui de « VIP » ;
  • Un marché des déplacements professionnels qui souhaite profiter des opportunités de prix (notamment) du loisir,
  • Une nécessaire évolution de l’entreprise [notamment] motivée par la génération Y qui a grandi avec le low cost, le collaboratif, Internet et au minimum un smartphone ;
  • Des comportements « loisirs» qui déteignent inévitablement sur la sphère professionnelle.

Rajouter à tout cela une raison professionnelle et un peu de temps libre durant le déplacement et vous avez la recette du bleisure.

Ne pas confondre le bleisure avec le blurring !

« To blur » : brouiller, flouter, confondre. Le blurring définit alors l’empiètement du temps professionnel sur le temps privé (ou inversement) aidé par l’utilisation d’outils communs et connectés en permanence. La journée de travail ne s’arrête alors jamais. De même vos problématiques de votre vie personnelle viennent s’immiscer dans votre bureau. Répondre à vos mails le soir chez vous ou traiter vos problèmes de garde d’enfant entre deux réunions. Vous êtes alors en plein blurring. Les résultats du baromètre Edenred Ipsos 2015 sont limpides :

  • 55% des entreprises en France équipent leurs salariés de smartphone
  • 78% des managers sont sollicités par leur travail en dehors de leurs horaires professionnels
  • A l’inverse, 81% des managers sont amenés à régler des problèmes personnels sur leurs heures de travail.

Certaines entreprises édictent des règles interdisant par exemple l’envoi de messages professionnels pendant le soir ou les weekends. D’autres, moins nombreuses il est vrai, n’hésite pas à couper les serveurs mails entre 18h30 et 8h30…Une des conséquences de la montée en puissance du blurring est la réapparition du doublement des téléphones pour les collaborateurs (un privé + un perso). Phénomène qui s’était pourtant largement estompé ces dernières années.

Parallèlement les directions informatiques de certaines entreprises mettent à disposition des passerelles de télétravail pour faciliter l’accès à l’environnement professionnel en toute sécurité depuis les équipements privés (tablettes, smartphones, ordinateurs)…

Un point commun se fait alors jour entre blurring et bleisure : le flou n’est pas prêt de s’estomper…

Thibault Barat

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