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Le Camondo, préférez le musée au restaurant !

J’écris rarement mon « sentiment » immédiatement après avoir vécu l’expérience qui en est la source. Mais lorsque les promesses « élevées » du lieu ne sont pas au rendez-vous, cela a le don de m’agacer et de me trotter dans la tête. Il faut donc que je couche sur le papier mon ressenti afin de m’en libérer et de passer à autre chose.

Je me faisais une joie de découvrir le Camondo. Certain que l’expérience allait être au rendez-vous, j’ai personnellement invité deux convives que je souhaitais choyer. Hélas, c’est le type de restaurant où, à la fin, vous vous sentez presque obligé de devoir vous excuser auprès de vos invités. Excuses que je ne peux présenter à l’avance au propriétaire de ce lieu pour les quelques lignes pas forcément agréables qui suivent. A ce prix et à ce niveau de promesses, « on n’a pas le droit de décevoir ». Ce fut pourtant le cas.

 

Pourquoi je n’ai pas apprécié ce moment…

Le Camondo est donc un nouveau restaurant surfant sur la mode de la bistronomie niché entre le 8ème et le 17ème arrondissement, rue de Monceau. Au 61 bis pour être précis. Il se trouve dans l’enceinte du musée Nissim Camondo qui abrite une collection exceptionnelle de mobilier et d’objets d’art du 17ème siècle français dans une riche demeure grand-bourgeoise, préservée dans l’état où elle était habitée au début du 20ème siècle.

Le site web du restaurant fait la promesse suivante : « comme suspendue au temps, cette ancienne remise aux voitures de l’hôtel particulier a conservé son plafond à caissons et ses colonnes métalliques qui structurent l’espace. Elle s’ouvre sur une cour pavée isolée du bruit, pensée comme un jardin secret, pour des déjeuners et dîners au soleil dès les premiers beaux jours. Un lieu chaleureux, une ambiance feutrée, un mélange de style et de matières, l’esprit d’un jardin d’hiver, presque comme une adresse confidentielle ».

Effectivement, le lieu est très sympa. Je vous invite à voir les photos ci-dessous. C’est d’ailleurs l’emplacement et la décoration qui m’ont motivé pour réserver une table. Tiens, la réservation. Parlons-en. Vous avez certainement remarqué que nombreux étaient les restaurants qui proposaient la réservation en live via le module « The Forck » de La Fourchette. Pour tout vous dire, je fais un compte du nombre de restaurants que je fais par an. Pour 2018, j’en suis déjà à 59 déjeuners ou diners au restaurant ! Je vous rassure, je fais énormément de running à côté pour compenser ! 🙂

Bref, c’est la première fois que je dois « patienter » 24h que ma réservation soit validée ! 1ère étape : sur le site du restaurant. Vous recevez une confirmation, non pas de résa, mais d’enregistrement de la demande. Quelques heures après, je reçois le même sms. Enfin, le lendemain, jour de la résa, je reçois un mail me demandant de confirmer ma réservation pour la valider… J’ai l’impression de faire un virement bancaire d’1 millions d’euros ! Non mais sans blague, est-ce nécessaire mettre en place un tel process ? Je vais également souvent au Murat, la réservation en live est instantanée ! Pratique et rapide.

Bref, pour revenir au descriptif du restaurant tel qu’il est présenté sur le site, tout est « vrai » :

Le site web du restaurant fait la promesse suivante : « une cour pavée isolée du bruit », « une ambiance feutrée », « un mélange de style et de matières », « l’esprit d’un jardin d’hiver, presque comme une adresse confidentielle ».

… Sauf… « Un lieu chaleureux » !

Ce lieu, haut de plafond est froid. La décoration, sympathique et plaisante, ne peut être qualifié de chaleureuse. Mais le pire, c’est l’ambiance. Elle est tout sauf chaleureuse. Revenons à la définition du terme « chaleureux » selon le Larousse :

« Qui montre, manifeste de l’enthousiasme, de l’ardeur : Une approbation chaleureuse ».

«  Qui témoigne de la sympathie, de la cordialité : Accueil chaleureux. Des amis chaleureux ».

Nous en sommes très loin. A l’arrivée, pas de vestiaire. Pas d’attention particulière pour vous débarrasser de vos sacs ou manteaux. Je ne vais pas faire « mon marquis » mais quand vous allez apprendre plus bas le prix de la note, vous vous en étonnerez aussi. Ensuite, la serveuse m’indique d’un ton sec : « vous êtes en terrasse ! ». « Euh… oui, d’accord… Tout va bien se passer, détendez-vous » ai-je envie de lui dire. Une fois installé donc sur la terrasse, je me rends compte que la table qui m’est affectée est à l’ombre et aujourd’hui, bien que le soleil fût au rendez-vous, il faisait frisquet. Je demande à rentrer à l’intérieur, réponse « non, ce n’est pas possible »… je demande à allumer le chauffage installé sur le parasol (inutile compte tenu de l’orientation de la terrasse, un seul des deux convecteurs fonctionnent et bien sûr, c’est celui de la table d’à côté. Mon premier convive arrive. Une fois les commentaires sur le côté sympathique de l’hôtel particulier, nous grelottons en cœur. Je demande à nouveau à changer de table, réponse « ma collègue vient de me dire que vous avez déjà demandé, donc, ce n’est toujours pas possible ! ». Niveau chaleur et cordialité, nous repasserons. Je me fais presque « rabroué » parce que moi, client, j’ai eu l’audace de dire que nous avions froid, que le chauffage ne marche pas et que j’aurais bien aimé déjeuner sans être crispé. Mon second invité se présente, garde sa veste et son écharpe. C’est alors que la serveuse forte « aimable » passe à proximité. Je m’empresse alors de dire à voix haute : « on va aller au bistrot du bout de la rue, au moins, ils sont sympas et il fait chaud ». 30 secondes après, la manager se présente à notre table et nous propose de nous placer à l’intérieur ! Comme c’est bizarre, finalement, le restaurant ne serait-il pas complet ? J. Et il ne l’était pas. Plusieurs tables intérieures sont restées vides.

Une fois rentrés dans la salle, le bruit du rangement des verres et tasses à cafés était incessant, se faisant en plein pendant l’heure du déjeuner… Perturbant et peu agréable.

Bref, nous passons à la consultation de la carte. Un positionnement tarifaire dans la moyenne haute, mais bon, l’adresse présente deux arguments de poids :

– le Chef : Alexis Le Tadic

– les desserts par Christophe Michalak

Les prix de la carte sont donc « légitimés » par ces deux cautions renommées.

Salade César – 28 euros…
Plat du jour, 32 euros…

Néanmoins, nous n’aurons droit à aucune explication de la carte. Seulement un « votre choix est-il fait ?  ». Encore une fois, sans faire « le marquis », c’est dommage de ne pas mettre en avant ses attributs quand ils sont de cette taille ! Nous nous contenterons de prendre alors des plats « parlants ». Pour ma part, la salade César du chef et un steak tartare avec crème de parmesan et pommes paillassons. Ce fut bon, je ne vais pas dire le contraire. La qualité des produits est présente. La présentation agréable. Néanmoins, aucune revisite exceptionnelle… Des plats traditionnels présentés de manière traditionnelle. Par contre, le prix ne le fut pas. Nous approchons de la stratosphère : la salade César est à 28 euros et le tartare à 32 euros ! L’œuf mimosa présent à la carte nous a tentés, mais son prix, 17€, nous en a dissuadés. C’est un niveau de tarif qui correspond à un étoilé. Mais le Camondo ne l’est pas. Problème…

 

 

Bref, une grosse déception. Des tarifs dignes d’un étoilé voire d’un palace (à ce prix, je vous conseille sans retenu La Bauhinia du Shangri-La – vous vivrez une véritable expérience et vous pourrez bénéficier du meilleur service qui soit).

En résumé, un joli écrin ne suffit pas à faire un beau cadeau. Il faut y mettre du cœur, y mettre une âme, un service, des attentions et surtout, être à la hauteur des prétentions qu’on se fixe. Délivrez une prestation de qualité sur toute la chaine de valeur du restaurant pour que le client se sente suspendu dans le temps et conforter dans son expérience. La bistronomie est un concept qui m’est cher tant j’apprécie les bonnes adresses qui s’en revendiquent. Néanmoins, nombreux sont les restaurants qui, au prétexte d’un lieu atypique ou exceptionnel, surfent sur l’esprit de cette cuisine hybride et se rapprochent davantage des stéréotypes de l’art qu’ils poursuivent sans jamais en atteindre les codes. Je suis dur, je suis excessif, les gens qui me connaissent bien vous le diront, mais lorsque l’on vous présente une note à 188€, mon excessivité est à la hauteur de la note. Salée et amer.