Le travail peut-il rendre heureux ?
Nous avons tous en tête ce collègue, fatigué ou plutôt épuisé, se traînant de 9h à 18h entre la salle de réunion, la machine à café et son bureau et passant le plus clair de son temps à se plaindre – versus – notre responsable hiérarchique ne dormant que 4 heures par nuit, heureux parent de 4 enfants, présent au bureau dès 7h du matin et jonglant avec une facilité déconcertante entre meetings, salle de sport, crèche et soirées conférences en étant toujours : content. Ces profils sont des stéréotypes révélateurs d’une société où nous “devons” être performants dans l’ensemble des facettes de nos vies, en gardant toujours le sourire. L’équilibre et le positivisme passent certainement par le caractère et la capacité de chacun à être positif mais aussi, et surtout, par ce(ux) qui l’entourent, ce qui lui est demandé et les conditions qui lui sont offertes pour évoluer.
Dans ce second article du dossier consacré à la psychologie au travail, nous allons traiter des notions de bien-être, de bonheur et vous livrer les clefs pour atteindre la quiétude entre votre vie pro et perso, ainsi que des pistes de réflexion côté entreprise, pour optimiser les performances de vos salariés et vous adapter à une nouvelle époque…
Nous avons interviewé une professionnel de l’équilibre entre vie perso et pro, la coach du bonheur Alexandra de Roulhac, basée à Boulogne-Billancourt et exerçant depuis une dizaine d’années tant au niveau individuel, qu’au sein d’entreprises.
Soyez prêt à sortir des sentiers battus, oubliez les idées reçues en terme de bonheur, clarifions la définition de bien-être et montrons en quoi il est essentiel de revoir l’importance du bonheur au travail.
N’effacez pas vos fonctionnements passés, mais soyez prêts à écrire une nouvelle histoire…
Interview Alexandra de Roulhac
Alexandra de Roulhac, notre coach du bonheur exerce depuis 9 ans et a développé son activité auprès des entreprises depuis 4 ans. A 21 ans, elle cherchait du sens à sa vie, elle découvre alors l’Asie dans ses lectures et part seule en Inde puis au Japon pendant 2 ans. C’est au cours de ce voyage initiatique qu’elle découvre de nouveaux modes de vie, marqués par la spiritualité et la notion de bonheur. Elle comprend que le bonheur est avant toute chose un état intérieur, dénué de toute matérialité, loin des contingences modernes. Cette philosophie a impliqué un réel changement de sa vision du monde et une envie certaine de partager et de mieux comprendre l’autre.
Son objectif est aujourd’hui de cultiver le bonheur et de le partager en aidant les autres à apprécier ce que l’on a, en cultivant le bonheur et en se suffisant de peu. Elle partage ses conseils, anecdotes et belles pensées à travers son blog et divers médias (Marie Claire, BFM TV, France Ô, France info, Huffpost, etc).
Bien-être VS Bonheur : Ne mélangeons pas tout
Il est vrai que ces deux notions sont reliées, mais Alexandra De Roulhac nous a expliqué qu’en pratique elles n’étaient en rien similaires :
- Le bien-être consiste à offrir du plaisir à ses salariés (salle de repos, baby-foot, billard, service de massage, etc).
- Le bonheur quant à lui encourage le dialogue, crée du lien et entretien la motivation. La conséquence directe est de cultiver une image de marque de l’entreprise valorisante..
Les services et activités annexes pour participer au bien-être du collaborateur sont très positifs mais doivent être combinés avec un management adapté. Si le but premier est de véhiculer une image positive de l’entreprise, que cette démarche soit un simple concept marketing, ce n’est pas bénéfique car il faut intégrer une démarche altruiste.
Pour illustrer, Alexandra De Roulhac nous disait “le bien-être sans bonheur est comparable à un quelqu’un vous offrant un déjeuner diététique, tout en vous obligeant à manger un pot de nutella à la fin du repas”.
A ce moment précis, vous vous demandez pourquoi ces bonnes pensées seraient applicables au monde des entreprises ?
Parce qu’il est important de prendre conscience de l’importance de bonheur au travail avant de mettre en place des actions, Alexandra de Roulhac nous avance des statistiques implacables sur le taux de stress et le mal être en entreprise qui démontrent que celui-ci impacte directement la qualité du travail et nuit autant au salarié qu’aux entreprises :
- 1 personne sur 3 a déjà vécu un burn-out dans sa carrière, ce qui représente 36% des Français
- les Français aiment leur travail et le jugent utile, mais elles font part de souffrances récurrentes : pour 32% des personnes interrogées, le travail délabre plutôt la santé
- une majorité de personnes interrogées considèrent que leur charge de travail est «excessive» (51%)
- 69% de personnes interrogées jugent qu’on leur «fixe plutôt des objectifs intenables»
- si les Français aiment leur travail, en sont fiers et le jugent utile, 70% d’entre eux ont l’impression «d’être une machine»
- les salariés souhaiteraient davantage d’autonomie (82%) tandis que le manque de reconnaissance est ce qui pèse le plus lourd (42%), devant les inégalités de salaire (11%)
- la mobilité apparaît aussi comme un objectif pour les Français. Pour 53% des personnes interrogées, leur «carrière idéale» exigerait de «changer de métier au cours de la carrière» > Lien avec le déplacement collaborateur et la solution du Bleisure
- aussi, les salariés émettent de vives critiques sur le fonctionnement des entreprises. Ils sont ainsi une écrasante majorité à souhaiter que leur entreprise ait un fonctionnement plus démocratique. (Etude national “Parlons travail” de la CFDT)
Pourquoi la notion de bonheur est-elle alors avancée et devient primordiale, tant pour le collaborateur que pour l’entreprise ?
- 81% des femmes déclarent que le bonheur au travail est plus important que le salaire, contre seulement 45% des hommes
- 70% des employés, stagiaires et cadres non dirigeants déclarent que le bonheur est plus important que le salaire au travail
- 69% des employés de PME mettent le bonheur en premier contre 56% des employés des grandes entreprises
- les jeunes actifs (26 – 34 ans) et les travailleurs plus mûrs (55 – 64 ans) donnent le plus d’importance au bonheur. 82% des plus de 45 ans considèrent le bien-être au travail comme prioritaire par rapport au salaire. (Source : Adenis)
A contrario de ces attentes ce sont 85% des managers, directeurs et autres exécutifs qui déclarent donner plus d’importance au salaire qu’au bien-être et au bonheur. Par conséquent et selon une étude Gallup, 91% des salariés Français ne se sentent pas engagés dans leurs entreprises. Gallup a alors mis en place la pyramide des 12 critères du salarié émotionnellement engagé
Comme le souligne Alexandra, nous comprenons à présent aisément que le bonheur au travail est une préoccupation centrale des entreprises, au croisement des questionnements actuels des dirigeants ; sachant que les employés stressés font 10 fois plus d’arrêts maladie, il est grand temps d’adopter une attitude adaptée permettant de générer deux effets essentiels : des salariés plus heureux et donc plus performants et une réputation d’entreprise positive, en interne et sur ses marchés.
Adoptons les bonnes attitudes et comprenons nos besoins
Le Quotient Émotionnel est tout d’abord important à présenter et à comprendre : l’être humain fonctionne aux émotions, savoir les exprimer et autoriser son entourage amical, familial et professionnel à en faire autant est une force. Elle est néanmoins rarement utilisée dans notre culture patriarcale. Alexandra de Roulhac souligne qu’on nous a longtemps vanté l’importance du quotient intellectuel (QI) pour réussir dans la vie, alors qu’aujourd’hui on sait qu’en réalité, ce qui prime c’est le quotient émotionnel (QE).
Le QE développe en effet la capacité à « percevoir l’émotion, à l’intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre les émotions et à les maîtriser pour favoriser l’épanouissement professionnel ». Ce concept a été développé dans les années 90 par John Mayer et Peter Salovey, deux psychologues américains et comporte cinq parties : la conscience de soi, la gestion de nos émotions, la motivation interne, l’empathie et les aptitudes sociales.
Développer son intelligence émotionnelle dans nos vies professionnelles permet de faire preuve d’empathie, maîtriser ses pulsions, se motiver et motiver une équipe en communiquant plus efficacement. Ces compétences sont essentielles dans le monde du travail.
Le coaching du bonheur, quésaco ?
Les objectifs principaux du coaching en bonheur sont de développer ses capacités individuelles de:
- partage
- positivisme
- ouverture aux autres
- connaissance de soi
- communication
- empathie
C’est en ce sens qu’Alexandra de Roulhac exerce auprès des entreprises, à travers des ateliers au sein même de celles-ci ou lors de conférences. Il ne s’agit pas de cours mais de moments constitués de 30% théorique permettant d’expliquer les concepts, de souligner des statistiques montrant l’importance de la démarche et de la prise de conscience, suivi de 70% de pratique sous forme de jeux de rôle, de séance de brainstorming autour de questions ouvertes ou de conseils tels que “Comment arriver à mieux communiquer lors d’un conflit ?”.
Elle propose des ateliers centrés sur le bonheur au travail ou sur le management altruiste, à travers trois méthodes :
- La psychologie cognitive (l’étude du comportement)
- La communication non violente
- La résolution des problèmes
Elle adapte bien évidemment son offre en fonction des profils, et les participants peuvent tant être des groupes toutes hiérarchies mélangées, cadres féminins, managers, etc. Pour exemple, lors d’un atelier constitué exclusivement de dirigeants, Alexandra de Roulhac les invite à prendre soin de leurs besoins, renforcer leur confiance en soi, mieux gérer leurs émotions pour mieux communiquer, prendre de nouvelles habitudes de pensées, installer de bonnes relations avec leurs salariés, apprivoiser le stress, relativiser, changer leur regard sur les autres, voir des opportunités là où d’autres verraient des échecs, etc. Ce sont divers points de départ pour améliorer leurs performances et celles de leurs équipes.
Le mal être en entreprise est la cause d’une baisse de productivité dommageable comme le soulignent les conclusions de l’étude 2017 de l’IBET : cette étude chiffre à 12600 euros par an et par salarié le coût moyen de ce mal être au travail : absentéisme, baisse d’engagement, etc. Nous avons donc tout intérêt à réfléchir à la prévention du burn-out, au bien être des salariés et à comment intégrer le bonheur en adaptant notre management.
Et si le bonheur au travail était la clef de votre réussite ?
Les propos ici développés appartiennent à notre coach Alexandra de Roulhac, les objectifs cités dans les ateliers en question sont donc en rapport avec sa vision du bonheur au travail et peuvent différer en fonction du professionnel engagé.
Précision : cet article n’a pas été sollicité par la professionnelle citée.