Bleisure durant un déplacement pro en Afrique, conseils et précautions !

Interview d’Alexandre Masraff, Directeur de la société Onyx ICS et co-fondateur du label de certification InSCeHo. Propos recueillis par Thibault Barat le 12 novembre 2016 à Paris (présentation d’Alexandre en bas de page).

Alexandre, Quels conseils adresseriez-vous à un voyageur d’affaires qui souhaite inclure une phase «beisure» à son déplacement sur le continent africain » ?

On observe que le passage d’une phase de travail à une phase de « vacances » entraîne parfois un relâchement chez certains clients. Or l’environnement, lui n’a pas changé. La perception qu’on les tiers du voyageur est la même. Même pendant cette phase, il reste citoyen de nationalité X, employé de la société Y, avec ce que cela peut porter de risque.
Il faut donc continuer à faire preuve de bon sens et de vigilance. J’imagine bien que le voyageur qui inclut une phase de bleisure ne se sent pas en danger dans le pays concerné. Sinon, il ne s’attarderait pas ! Le conseil que je lui donnerais pourrait s’appliquer hors de ce continent.
Pour sa sécurité, je lui conseillerais de « laisser des traces ». Il s’agit de faciliter les recherches en cas de disparition ou d’accident. Prévenir un ami, un parent ou un collègue de son programme. Ne pas se séparer de son téléphone mobile. Donner sa position. Des applications pour smartphone permettent facilement d’envoyer sa position GPS à un contact.
Je conseillerai aussi au voyageur de ne pas oublier que pendant cette phase de bleisure, il reste responsable des données de l’entreprise qu’il a en sa possession. Ses choix d’hébergement et son programme devrait donc veiller à ne pas les exposer.

Sur quels critères principaux le voyageur doit-il choisir son hôtel ?

Votre question fait référence à la menace terroriste. Dans ce cas, pour choisir son hôtel, il faut prendre en compte deux aspects :

  • Le profil de risque de l’hôtel. L’hôtel peut être une cible parce qu’il est un haut lieu de la vie locale et par la clientèle qui le fréquente, parce qu’il arbore une enseigne occidentale internationale, par le profil de son propriétaire. N’oublions pas que beaucoup d’hôtels sont des franchises. Difficile pour le voyageur d’avoir tous les paramètres. La stratégie low profile est une option. Il s’agit de choisir un hôtel de taille modeste et discret qui est moins susceptible d’être une cible.
  • Le profil de risque du voyageur. En effet, la nationalité, la compagnie pour laquelle on travaille, le motif de la visite sont des éléments qui peuvent faire du voyageur une cible en lui-même. Dans ce cas, je recommanderais de rester dans un hôtel qui présente un sérieux dispositif de sûreté.

Lorsqu’un voyageur fait du « bleisure », il est courant qu’il souhaite changer de lieu d’hébergement pour profiter d’une ambiance « plus locale » ou plus authentique. Il n’est donc pas rare qu’il porte son dévolu sur des hébergements « chez l’habitant » ou sur des hôtels moins onéreux.

Quels sont alors vos conseils en la matière ?
Le prix de la chambre n’est pas une garantie de sûreté. Ceci étant dit, je distingue le vrai « chez l’habitant » de la guest house déjà plus professionnelle.
Le risque principal est de l’ordre de l’hygiène et de la sécurité avant d’être une question de sûreté. Je conseillerais de privilégier la guest house au logement chez l’habitant.

Le dissuaderiez-vous de changer d’hôtel ?
Non, pas de manière dogmatique mais je l’inciterais encore une fois à laisser des traces ; c’est-à-dire faire savoir où il sera hébergé.

Quels sont « vos » points de vigilance ?
Faire attention à la tenue du lieu. Un hébergement mal tenu a peu de chance d’être bien sécurisé.
Avoir la capacité de s’enfermer dans sa chambre.

Clairement, quels sont les choses « à faire » et à « ne pas faire » selon vous dans ce cadre purement bleisure ?

Au risque de me répéter, il faut garder son bon sens et laisser des traces pour sa sécurité. Et protéger les données de l’entreprise. Pour cela, il existe d’ailleurs des solutions simples et peu coûteuses.

Durant la phase « personnelle » du séjour, le voyageur pourrait avoir l’envie de faire des excursions, des visites guidées d’une ville ou d’une région ou encore visiter des lieux naturels. Quels sont vos conseils en la matière ? Comment doit-il choisir selon vous l’opérateur sur place qui l’accompagnera et l’aidera ? 

Je reste sur mon concept de laisser des traces : informer un proche, demander à l’hôtel son conseil, partir avec son portable.
Pour le choix du prestataire, le voyageur peut s’appuyer sur l’hôtel. S’il s’agit d’un hébergement professionnel, l’hôtel aura intérêt à bien conseiller son client. Ce ne sera peut-être pas le meilleur marché mais l’hôtel n’a pas intérêt à ce qu’il arrive malheur au client. En cas de recherche sur internet, l’avis de l’hôtel devrait être sollicité.
En matière de sûreté, Il faut être sur ses gardes en cas de changements de dernière minute dans l’organisation de l’excursion et ne pas hésiter à sacrifier le prix de la course pour annuler. Il vaut mieux regretter d’avoir annulé que regretter de ne pas l’avoir fait.

Pour se déplacer sur place, le voyageur doit-il privilégier un moyen plus qu’un autre ?

Le voyageur a plusieurs options. Celles qui laissent des traces sont à privilégier. C’est à dire une voiture avec chauffeur de l’hôtel ou commandée par lui et non un simple taxi hélé dans la rue et pourquoi pas une voiture Uber. Tout est enregistré dans ce cas : immatriculation de la voiture, identité du chauffeur et itinéraire.

En matière d’équipement personnel, avez-vous une ou des recommandations particulières ?

Effectivement, quelques accessoires simples permettent de prévenir l’escalade d’un incident :

  • Acheter une SIM locale avec data pour son smartphone doté d’une puce GPS. Cela permet d’utiliser les apps utiles mais l’inconvénient est qu’il s’agit souvent de crédit prépayé donc limité. En cas d’enlèvement, le ravisseur prendra tout de suite le téléphone. Mais on peut espérer qu’il ne pense pas que le voyageur en a un deuxième. Un combiné plus rudimentaire suffit. Dans celui-là, le voyageur y place sa SIM française en roaming. En cas de pépin, il pourra utiliser se téléphone comme micro pour transmettre des informations à un contact dont le numéro est pré-enregistré.
  • Toujours avoir des espèces plutôt que sa carte de crédit.
  • Savoir dire ou avoir un papier avec quelques phrases utiles dans la langue locale.
  • Connaître l’adresse et la localisation de son hôtel et de l’ambassade.
  • Avoir un memo sur soit regroupant tous les numéros d’urgence en cas d’incident (ambassade, hôtel, personne à contacter au cas où le voyageur serait inanimé ou il faille procéder à une évacuation sanitaire urgente, numéro de l’assurance rapatriement, etc)

Enfin Alexandre, si vous deviez avoir un dernier conseil pour le voyageur d’affaires sur le continent africain qui souhaite mêler business et découverte à titre privée, quel serait-il ?

La majorité des cultures africaines n’accordent pas la même valeur que nous au temps et à la fatalité. Il faut savoir l’intégrer pour analyser judicieusement les situations.

Cher Alexandre, un très grand merci pour votre temps, votre confiance à l’équipe de Bleisure.fr et pour vos réponses particulièrement détaillées. Vos conseils seront très précieux pour les voyageurs d’affaires qui envisagent un temps « bleisure » sur le continent africain.

Chers lecteurs, si vous souhaitez contacter Alexandre MASRAFF ou en savoir plus sur les services de la société Onyx ICS, voici les coordonnées complètes :

+33 680 243 077 

Alex.masraff@onyx-ics.com

FICHE D’IDENTITÉ

Qui est Alexandre MASRAFF

Alexandre a 15 ans d’expérience dans la sûreté d’entreprises associant responsabilités internationales et nationales pour des entreprises des secteurs de l’hôtellerie et de l’énergie ainsi que pour le gouvernement français. Après 7 année passées comme officier parachutiste, Alexandre a été le conseiller sûreté d’une entreprise para-pétrolière en Arabie Saoudite et a notamment mis en place les procédures de voyage et sélectionné les hôtels les plus sécurisés. De retour en France, Alexandre fût recruté par le service du Premier ministre français chargé des questions de sûreté et de défense pour superviser la mise en place de la réglementation internationale de sûreté maritime et portuaire et l’actualisation de la stratégie de contre-terrorisme maritime.

En 2008, Alexandre rejoignit Accor comme chargé de mission sûreté et gestion des risques et est rapidement promu directeur de la sûreté et coordinateur de crise pour Accor France (2009-2014) qui représente 1.500 hôtels du low-cost au 5 étoiles. Parmi ses responsabilités, il fût chargé de protéger les clients, les employés, les marques et les hôtels, contre tous types de menaces criminelles.

Alexandre est titulaire d’un diplôme de gestion d’entreprise délivré par la Sorbonne et contribue au développement de la sûreté comme fonction support des entreprises. De 2011 à 2014, il a été un membre actif de l’association française des directeurs de sécurité des entreprises (Cdse) et du comité éditorial de la revue Sécurité & Stratégie. Il est le co-auteur du livre « La sécurité en entreprise » (édition Maxima – 2011) publié en France et est orateur occasionnel lors de conférences internationales, dans des universités et des écoles de commerce françaises.

La société Onyx ICS

La société, Onyx ICS, est spécialiste de l’évaluation de la sûreté des hôtels. Les services se déclinent de deux manières :

  • Un programme de certification, InSCeHo
  • Des guides d’hôtels ; la collection we link destination

La volonté constante est de rapprocher les hôtels et les clients attentifs à la sûreté de leurs déplacements. Pour ce faire, les services bénéficient à la fois aux hôtels et aux voyageurs, d’affaires ou de loisir. InSCeHo s’adresse aux hôtels qui entreprennent la démarche de rechercher une certification pour se valoriser auprès de leurs clients alors que la collection we link destination s’adresse aux clients des hôtels, qu’ils soient corporate, agences de voyage business ou autres professionnels du voyage.

« La société se concentre sur l’Afrique car il nous a semblé, bien avant la série d’attaques d’hôtel de 2015, qu’il y avait un réel décalage entre les attentes des clients occidentaux et les performances de l’hôtellerie africaine. Notre expérience de l’Afrique nous permet en outre d’avoir une approche terrain pragmatique pour offrir un service efficace. Nous souhaitons devenir une référence dans notre domaine et sur ce marché avant de nous développer sur d’autres, même si nous pourrions déjà répondre à une demande particulière sur d’autres continents ».

Le programme de certification InSCeHo

Il faut avant tout rappeler qu’en matière de sûreté hôtelière, il n’existe aucune norme internationale. Certains pays ont bien tenté d’imposer des moyens techniques (le plus souvent de la vidéosurveillance ou des portiques de détection) mais cela ne garantit pas une efficacité du dispositif. Le programme s’appuie donc sur un standard qui a été élaboré avec la participation d’hôteliers, de directions de la sûreté d’entreprises et d’équipementiers. Ce standard regroupe un éventail de critères qui forment trois niveaux de certification en fonction de la menace. Ces critères sont centrés sur la protection du client. Ils portent essentiellement sur la sûreté mais aussi sur la préparation à la gestion de crise et la sécurité incendie.

L’hôtel qui se porte candidat bénéficie d’une évaluation initiale et du standard pour se mettre en conformité. Quand il s’estime prêt, nous réalisons une inspection qui conditionne la délivrance du label. Le label est valable un an. Une nouvelle inspection conditionne la reconduction de celui-ci.

Si vous vous souhaitez réagir à cette interview ou nous faire part de votre expérience de voyageur, n’hésitez pas à nous écrire par ici !

 

Thibault Barat

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